g

CAMP   SPELEO à   la PIERRE   SAINT    MARTIN

 

2008

 

INTRODUCTION

La découverte de la sima AN26 en 2006 et la côte atteinte la même année (-226) autorisaient l’espoir d’accéder au maillon manquant du collecteur (entre le système d’Anialarra et l’AN8). L’AN26 se présente comme la seule cavité majeure du secteur avec de grands puits et un fort courant d’air aspirant très sensible à partir de la côte -70.

Mais en 2007, c’est la déception, un point bas (-248) est atteint à l’extrémité d’un long méandre étroit de 50 m de long et désespérément horizontal… Le niveau de base se situe environ 50 m plus bas et il était logique de penser que ce méandre devait déboucher rapidement sur des puits… Hélàs, point de verticale, la caverne joue avec notre patience !...

Malgré cela, l’AN26 reste encore une cavité prometteuse du fait que le fort courant d’air aspirant traverse le méandre terminal… En effet, il semble à peu près sûr qu’il rejoigne le collecteur d’Anialarra… Celui-ci est distant d’environ 170 m à vol d’oiseau et en toute logique les courants d’air doivent converger pour poursuivre leur chemin plus en aval… Pour mémoire, le maillon manquant reste encore inconnu sur 1100 m en ligne droite jusqu’à la trémie amont de l’AN8. Le dénivelé entre les deux terminus est de 280 m.

Ensuite, si on observe la synthèse topographique du secteur, on peut imaginer qu’un affluent important venant de l’Est se greffe au collecteur. Il existe une large bande sans réseau connu, située entre le M413 et l’affluent Tintin (système d’Anialarra). Dans cette hypothèse, l’AN26 pourrait lui être tributaire et la confluence se situerait en aval du terminus actuel (Trémie Crimson) du système d’Anialarra (point bas à la côte -739)

Enfin si l’AN26 devient l’entrée basse du système d’Anialarra elle serait un formidable accès pour les équipes travaillant sur le système… Il faut donc encore tenter notre chance au terminus…

Et puis, toujours dans l’AN26, le fond du fossile représente aussi une suite possible : le travail est délicat et hasardeux mais le courant d’air aspirant justifie de nouvelles tentatives…

En parallèle de l’objectif majeur que représente le gouffre AN26 d’autres objectifs étaient programmés pour le camp d’été 2008 :
D’une part la poursuite de la prospection systématique des zones situées au-dessus du collecteur supposé.
Et d’autre part rechercher la suite dans les cavités (AN 35 et 37) découvertes en 2007. Elles sont toutes deux parcourues par un net courant d’air.

 


PARTICIPANTS

 

Eric et Véro BOYER, Bernard PIART, Christian RIGAL, Pierre SOLIER et Hervé TEYSSEDRE (MJC Rodez),: Franck et Frédo ARAGON, François BODOT, Patricia DUPOUY, Laurent LAFON, Yoann SAINTEMARIE (Aragonite Caussenarde MILLAU),David DIEZ, Inaki LATASA, Oscar QUINTELA (GAES Bilbao), Luc LEBLANC (SC Quebec), José MULOT (Individuel Somme), Tomohiko MIYAZAKI, Ryuichi KURISU (SC Tokyo), Roger HUGONY et Guillaume LEGRAND (TNT Florac - 48).

 

Secteur de l’AN 26  (été et hiver…)


Les  RECHERCHES

 

Une fois l’AN26 rééquipé, les séances de désobstruction se succèdent quotidiennement à -250 ; petit à petit le méandre de Sisyphe s’allonge... Le violent courant d’air est là pour maintenir l’espoir et on sait que tôt ou tard ça passera !… La direction est toujours plein Ouest…

Pendant ce temps une autre désobstruction est entreprise : il s’agit de l’AN41. Cette cavité de 2 m de profondeur est située dans le fond du vallon d’Anabarcandia. Nous connaissons cette entrée depuis 2006 et elle exhale un fort courant d’air soufflant ; de plus, elle est située à l’aplomb du collecteur inconnu… Au cours du camp d’été, nous descendons sans trop de problème jusqu’à la côte -7. Mais à cette profondeur le conduit se resserre.

En 2ème semaine, l’effectif du groupe s’étant un peu étoffé nous pouvons revenir à l’AN37. C’est la glacière sur le bord du chemin d’Anabarcandia. A -25 le courant d’air est aspirant et c’est une cavité où il fait toujours très froid… La désobstruction au point bas permet de descendre de quelques mètres. Cependant le terminus atteint en fin de camp n’est pas très encourageant. En effet, le courant d’air est aspiré par une diaclase très étroite… Il semble que nous soyons là dans un conduit parallèle au conduit principal qui doit théoriquement se trouver sous le puits d’entrée…

Nous revenons en septembre avec 2 objectifs  pour l’AN26 : continuer la désobstruction du méandre de -250 et tenter de trouver un passage dans la trémie de -200. Pour ce second objectif nous sommes équipés de matériel d’étayage et nous attaquons prudemment… Mais après deux séances nous nous rendons compte que l’entreprise est difficile et le matériel descendu insuffisant…

En surface, nous faisons deux nouvelles tentatives dans l’AN41 mais les 2 possibilités qui s’offrent maintenant à nous sont très étroites. C’est plutôt désespérant… Par ailleurs, lors d’une prospection sur un carré non prospecté en 2007 (carré 56 du quadrillage 1) nous trouvons, après une courte désobstruction, un départ où nous sondons un ressaut de 5 m. C’est le trou des Marcassins…

Nous revenons en octobre au trou des Marcassins mais il s’avère rapidement que le ressaut de 5 m est trop étroit… Ensuite, nous redescendons encore une dernière fois au fond de l’AN26... Le terminus de l’année 2008 est à la côte (-254). Enfin une ultime séance de prospection permet de trouver plusieurs entrées de cavité. A voir en 2009…

 

AN 41

 

 
 

 

Glacière AN 37

 

 

 

 

Trou des Marcassins

L’AN 26

Cette cavité s’ouvre dans le fond du fossé d’Anabarcandia. Par rapport aux grands réseaux elle se situe entre la salle Prébende de l’AN8 (100 m au nord) et à environ 150 m du collecteur d’Anialarra (au sud).
L’orifice de cette cavité est perché sur une petite croupe lapiazée, en bordure des fonds herbeux d’Anabarcandia… Une brève désobstruction en 2006 a permis de descendre le premier petit ressaut de 2 m et de sonder le premier puits de 18 m…

Ce puits s’élargit à -10 mais en bas, une pente d’éboulis ne laissait que peu d’espoir... Cependant, à l’aplomb de la corde, la désobstruction d’une diaclase sur 5 m de profondeur a permis d’ouvrir la suite. Il faut donc désescalader 2 ressauts de 5 et 7 m dans une étroite fracture aux parois délitées. Tout ce secteur a été aménagé en 2007 pour enrayer les chutes de pierres… Malgré cela il est conseillé de s’espacer suffisamment à la descente…
Heureusement à -35, la cavité débouche dans le plafond d’un beau méandre aux parois bien érodées… Juste avant de descendre dans ce méandre, un boyau fossile mène à un puits remontant d’une dizaine de mètres de haut. Celui-ci correspond probablement à la doline lapiazée située à l’ouest de l’entrée.
Le méandre amont est impénétrable (courant d’air descendant) et prend la direction de la grande dépression voisine de l'entrée (au nord).
En aval, le méandre est très pentu et débouche sur un large puits de 8 m. Nous sommes à la base d’une grande cheminée qui remonte sur environ 20 m. Ensuite, un nouveau puits s’amorce dans le méandre. Après 16 m de descente, on peut progresser aisément à l’horizontale jusqu’à une étroiture triangulaire (-70).
Derrière, un grand puits s’ouvre : c‘est le puits des Milladious (30 m)… A gauche, une galerie fossile remontante mène aux  puits « Allez Léa ». Un fort courant d’air en descend…
La descente s’effectue d’abord sur un plan incliné, puis une verticale de 20 m nous dépose au bas d’un large méandre. A l’aplomb de la corde une ouverture étroite dans le sol avale les pierres vers le vide suivant... Une galerie descendante y fait suite et au bout de quelques mètres un grand vide s’amorce sous les pieds… C’est le puits des Jumeaux (85 m).
Un premier jet de 45 m se présente jusqu’à un palier. Là, une vire permet de trouver le hors crue et la dernière partie de 40 m est fractionnée en deux. L’ensemble de ce puits est magnifique et les dimensions sont honorables (5 à 8 m de diamètre)…
En bas, un grand méandre se jette dans un nouveau puits de 16 m. Les dimensions sont plus réduites mais restent confortables… Une nouvelle verticale de 15 m se présente et au bas de celle-ci (-226) un méandre étroit marque le terminus de 2006. Long d’une quinzaine de mètres, il débouche sur un petit puits de 9 m.
Là, à -241, débute un long méandre de 85 m de long qui mène au terminus actuel (-254). Le méandre de Sisyphe est parcouru par un fort courant d’air aspirant. Plusieurs petits affluents le rejoignent : le premier, au tout début, est rapidement impénétrable et apporte un courant d’air notable. Puis à 25 et 35 m, 2 cheminées ont été remontées sur 25 m de hauteur (arrêt sur passages impénétrables)…

Les puits « Allez Léa » :
A partir de l’étroiture triangulaire (-70), une remontée d’une dizaine de mètres permet d’accéder à une lucarne s’ouvrant sur un vaste puits de 29 m. Ce puits remonte au moins sur une vingtaine de mètres (escalade faite). En bas du puits, on prend pied dans une galerie de 3 m de large encombrée de gros blocs. Celle-ci remonte jusqu’à la base d’un puits.
La suite se situe au pied de la corde où un court soupirail donne accès à un puits de 65 m. Il s’évase rapidement pour atteindre de belles dimensions (15 X 4). Ce puits est incliné et la descente s’effectue le long d’un surcreusement coupé par plusieurs paliers.
Le bas du puits est une longue fracture d’un mètre de large avec un point bas à -148 obstrué par des cailloutis. Une escalade de 10 m permet d’accéder à un petit réseau de faible développement.

Le fossile de -170 :
A –65 dans le P85, au niveau d’un dédoublement de cette verticale, un grand pendule permet d’atteindre le fossile ; un parcours horizontal d’une trentaine de mètres dans une galerie de 2 à 4 m de large (pour 2 à 3 m de haut) mène à un premier puits de 10 m, borgne. L’équipement d’une longue vire est nécessaire pour accéder à un grand puits parallèle de 18 m. Le fond du puits (4 X 6) est obstrué et la seule possibilité de continuation est un passage entre la paroi et de gros blocs où le courant d’air est aspiré… La désobstruction a permis de descendre de quelques mètres (côte -200)…
Au sommet du P18, un puits remontant escaladé sur 10 m bute sur une trémie de gros blocs (-168). Le fond des puits « Allez Léa » est 20 m au-dessus...

Les explorations 2008 ont ajouté 40 m de galeries nouvelles. Le développement topographié de la cavité est de 643 m.


 

 

 

 

AN 26 : galerie fossile (-170)

 

CONCLUSION

 

Les années se suivent… et se ressemblent… ! Encore beaucoup de travail de recherche et la voie vers le collecteur ne s’ouvre toujours pas…

Dans l’AN26, le méandre de Sisyphe est maintenant exploré sur 85 mètres jusqu’à un point bas à -254. La trémie de -200 n’a pas livré plus de secret…

Le méandre terminal sur lequel nous buttons depuis deux ans constitue probablement une tête de réseau locale. Cela peut expliquer la raison pour laquelle il tarde à descendre vers le niveau de base pour rejoindre un drain majeur.

Cependant comme après le camp 2007 et toujours pour les mêmes raisons, l’AN26 représente une cavité prometteuse... Il faut donc continuer et s’armer de patience !...

Par ailleurs, la désobstruction des AN41 et AN37 s’est avérée décevante malgré la présence d’un courant d’air glacial…

Par contre l’AN35 reste une cavité intéressante qui méritera de nouvelles tentatives…

Bien entendu d’autres cavités peuvent rejoindre le collecteur et la prospection systématique doit être poursuivie… En 2008, nous n’avons pas eu le temps de continuer ce travail de prospection commencé en 2007. Une quinzaine de carrés de 100 sur 100 avaient été fouillés et beaucoup de travail reste à faire… De nombreux carrés bien placés au-dessus du collecteur supposé n’ont pas été prospectés récemment.

S’il n’y a pas eu de grandes nouveautés de notre côté, plus haut dans le massif, dans le système d’Anialarra, nos collègues de l’interclubs Anialarra ont continué leurs explorations… Ils n’ont pas réussi pour l’instant à franchir la trémie Crimson (extrême aval du système). Par contre, ils ont fait de belles découvertes dans l’affluent Tintin. Cette rivière remonte sur près de 2 km et collecte une bande coincée entre le système d’Anialarra et le réseau des Partages (maintenant relié au gouffre de la Pierre St Martin).
La synthèse topographique fait apparaître que l’origine des eaux coulant dans l’affluent Tintin ne peut être la diffluence supposée du M413 (secteur de la Baïonnette)… Cette diffluence (et peut-être l’actif du réseau de la Planète des Singes) s’écoulent donc dans un autre drain qui rejoindrait le collecteur d’Anialarra en aval de la trémie Crimson. Ce drain pourrait donc passer à proximité de l’AN26 (la synthèse de Paul De Bie illustre cette hypothèse). Pour la suite des recherches, sur ce secteur de la Pierre Saint Martin, il serait maintenant fort intéressant que de nouvelles explorations puissent se réaliser dans le gouffre des Partages (secteur de la Baïonnette)… La clé de la jonction entre les trois grands gouffres du secteur (Partage, réseau d’Anialarra et AN8) peut aussi être là…

Petit à petit l’immense réseau du massif de la Pierre Saint Martin se dévoile et laisse encore supposer de belles découvertes dans de multiples secteurs. Les jonctions entre les grands réseaux sont maintenant le principal enjeu des recherches. La liaison en été 2008 des réseaux de la Pierre Saint Martin et de celui des Partages (formant un réseau de plus de 80 km) est probablement la première d’une longue série. A noter que cette jonction est le fruit d’une collaboration entre plusieurs équipes et il faut encore se féliciter de l’existence de l’ARSIP qui, grâce à ses connaissances et à la coordination des explorations, permet d’optimiser les recherches.

La jonction logique Anialarra – AN8 est peut-être la prochaine étape… ! A moins que la jonction d’un de ces 2 gouffres avec le gouffre des Partages ne se réalise avant… Il y a au moins une certitude, sur ce secteur du massif, le potentiel de réseau vierge est encore très important…

Enfin, si l’on prend en compte tous ces enjeux les recherches dans Anabarcandia restent toujours aussi passionnantes… Alors, on continue à y croire pour 2009… !

 

1
AN 26 Plan-2008.pdf
application/pdf
448 KB
 
2
AN 26 coupe-2008.pdf
application/pdf
455 KB
 
3
AN 26 synthèse
application/pdf
962 KB