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DECOUVERTES
 

 

Camp   d’été   à   la   PIERRE   SAINT   MARTIN

2004

 

Introduction

Participants

Les recherches

Les nouveaux réseaux

Speleometrie

Observations sur les courants d'air

Conclusion

Téléchargement de topographies

 

INTRODUCTION

 

Le franchissement, en août 2003, de la trémie du Phou Dingue de Mendibeltza (PDM) a relancé les explorations dans le gouffre AN8 et réactivé le vieux rêve d'atteindre par-là un collecteur encore inconnu. En effet, les réseaux reconnus derrière pourraient mener au maillon manquant calé entre la trémie aval terminale du système d'Anialarra et la trémie amont terminale du collecteur de l'AN8 (-570)… Le potentiel de découverte est grand car ces 2 points délimitent une bande totalement vierge de galeries longue de 2100 m et large de plusieurs centaines de mètres…

Lors de la dernière exploration, en novembre 2003, pas moins de 6 puits avaient été sondés dans un étage fossile (-240) et à l'évidence, nous étions enfin sur la bonne voie !...

Nous pouvions donc imaginer le scénario suivant : guidés par le violent courant d'air aspirant, qui traverse la trémie du PDM, il suffirait juste de descendre des puits jusqu'au socle primaire, vers la côte -380. A ce niveau, soit nous débouchions directement dans le gros collecteur, soit, nous y accédions après un court cheminement dans un affluent du genre de la rivière Vasco-Occitane… En effet, cette dernière hypothèse est plus probable car le collecteur s'écoule logiquement un peu plus au sud…

Parallèlement, un deuxième objectif était programmé au cas où nous buterions sur un obstacle : il était envisagé d'aller voir le dernier point d'interrogation de la zone terminale de la branche -800. A -790, dans un étage fossile au-dessus du siphon, une galerie 2X3 avait été aperçue derrière une étroiture en fin de camp 2002…

 

PARTICIPANTS

 

Cédric AZEMAR, Colin, Eric et Véro BOYER, Anne-Marie DANTIN, Olivier GALIBERT, Bernard PIART, Christian et Didier RIGAL, Pierre SOLIER, Hervé TEYSSEDRE et Laurent WEHRLE (MJC Rodez), Joël et Patrick BOUTIN, Jérôme LHOMOND, Pierre MARCHANDET ( Alpina Millau), Alex BILBAO, David DIEZ, Richar GUTIERREZ, Pedro INTXAURRAGA, Inaki LATASA, Ruben OURAL, Oscar SOTA (GAES Bilbao), Frédo ARAGON, Laurent LAFON ( Aragonite Caussenarde ), Alain CUTULLIC (SC Aude), José MULOT (individuel Somme), Saroshi GOTO, Jun KOIKE, Koei MINATO (SC Tokyo), Mirian ELORZA, Jorge GOROSARRI, Javi MAEZTU ( Grupo Espeleologico Alaves ), Xabier ABARZUA, Arturo HERMOSA et Pedro ( Txiki ) MARTINEZ, Mikel TORRADABELLA ( Grupo Satorrak de Pamplona ), Gotxon ARANZABAL ( Asociacion Deportiva Espeleologica Saguzaharrak ).

 

Les RECHERCHES

Après 2 jours d'équipement, l'exploration tant attendue des puits sondés à l'automne 2003 commence le lundi 26 juillet :

Le premier, un P65, se poursuit par un méandre où la progression est arrêtée sur un passage trop étroit... Le courant d'air est aspirant mais rien à voir avec le courant d'air du Phou Dingue... Nous déséquipons aussitôt…

Nous tentons notre chance dans un autre puits situé au bout de l'étage fossile : un P62 est descendu, mais là le fond est très étroit et de plus, aucun courant d'air n'est remarqué…

Ensuite, nous descendons un P52 suivi d'une diaclase où circule un courant d'air aspirant ; après désobstruction, nous continuons par un nouveau puits de 24 m mais la suite est trop étroite (-314)...

Les 3 autres puits (20, 22 et 10) sont obstrués à leur base...

Dans la salle Prébende le puits sondé 60 m (en 2003) s'arrête à – 43 sur un passage étroit se situant dans les voûtes de la galerie de -240. Une lucarne en milieu de puits ne donne rien.

Bref, la chasse au courant d'air nous fait tourner en rond et les explorations piétinent… Aussi, le vendredi 30 nous décidons de revoir le méandre qui fait suite au P65. Par ailleurs, nous commençons l'équipement vers -800 pour aller voir le dernier objectif restant après la salle Achéron...

Après le P65, le méandre s'avère tout de même intéressant : on y retrouve une partie du courant d'air et le gabarit est correct… 60 m sont gagnés le samedi 31 et encore 20 m le lendemain (-317)…

Pendant ce temps, les 2 sherpas de service ont équipé la branche -800 dans un temps record…! Le lundi 2 août une équipe va donc voir l'étroiture de -790. Derrière, elle explore 10 petits mètres de galerie jusqu'à une trémie qui ne laisse plus aucun espoir dans ce secteur... Le déséquipement de la zone basse du gouffre est entamé et terminé le mercredi 4.

Pendant ce temps, le mystère du violent courant d'air de la trémie du Phou Dingue a donné l'idée de chercher en surface. En effet, pourquoi ce courant d'air n'est-il pas retrouvé avec la même puissance sous la salle Prébende ?… Le report topo positionne la salle sous le vallon d'Anialarra, 300 m au sud-ouest de l'entrée de l'AN8. Dans ce secteur là (alt 1720 m), un trou souffleur est repéré et la désobstruction est entreprise : le plafond de la salle Prébende pourrait se trouver à peine 60 m plus bas ! … Le fort courant d'air se confirme les jours suivants avec même une colonne de fumée par temps chaud…

A partir de la salle Prébende une escalade en artif est tentée à l'aplomb d'un puits remontant mais abandonnée à +8 à cause du rocher pourri…

Le Z15 (-60) situé à 150 m du trou souffleur est revu : une escalade au point bas ne donne rien…

Le samedi 7 août tandis qu'à -317 la progression avance de 15 m jusqu'à un nouveau rétrécissement (-322), un nouvel espoir est ramené par l'équipe qui topographie le P62 : une lucarne, d'où provient un bruit de cascade… Mais le mercredi 11, l'exploration s'achève dans un puits parallèle obstrué.

La désobstruction du trou souffleur s'est poursuivie à l'automne mais force est de constater que l'accès à la salle Prébende, par cet orifice, n'est pas pour de suite…!

 

LES NOUVEAUX RESEAUX

 

A partir du col (-182) surplombant la salle Prébende une vire ascendante mène à un beau P29 de 4 m de diamètre… Par un passage bas (sol instable) on accède à un nouveau puits de 33 m bien érodé. A sa base (-242), un boyau, rapidement impénétrable, dégage un fort courant d'air qui s'enfile, en face, dans la continuation : un méandre aval de 2 m sur 1. Nous sommes là au début de l'étage fossile qui se développe sur près de 300 m… Après une vingtaine de mètres, un carrefour se présente :

A droite, un réseau, formant une boucle d'une centaine de mètres, se termine sur une trémie (-240) d'où sort un fort courant d'air… A ce point, nous sommes à environ 20 m d'une trémie située avant le Phou Dingue (fond de la salle précédent la trémie du PDM)…

A gauche, après une courte escalade on parcourt une belle galerie où convergent les courants d'air...

Un peu plus loin (-240), sur la gauche, un premier puits (section 3 X 1,5) se présente : en plusieurs jets on descend de 52 m dans une diaclase qui se rétrécie vers la fin. On arrive ainsi sur un niveau horizontal parcouru par un peu de courant d'air aspirant… Là, une progression de 30 m dans la même fracture permet d'accéder à un nouveau puits de 24 m. La suite se situe en hauteur où il faut franchir une étroiture sélective puis descendre un ressaut de 5 m. Là, on butte sur un méandre aval impénétrable (1 X 0,2). Nous sommes à -314. Le courant d'air est curieusement soufflant et une résonance annonce un élargissement à quelques mètres… En fait, le courant d'air aspirant du sommet du puits et celui du bas convergent et s'enfilent dans deux affluents impénétrables situés à mi-puits… Ce secteur semble sans intérêt pour la suite des explorations.

Revenons dans l'étage fossile. La galerie remonte avec plusieurs départs sans suite pénétrable… Un de ces départs laisse cependant échapper un bon courant d'air (une courte désobstruction permettrait le passage). On arrive à un petit col (-229) percé sur la droite par un puits de 20 m obstrué. Au-dessus le plafond remonte à une dizaine de m (escalade faite). Ensuite, la galerie redescend en s'évasant et se divise en plusieurs conduits.

Tout droit, une rampe ébouleuse descend dans une haute diaclase (arrivée sur la droite d'un boyau soufflant un bon courant d'air). Ensuite la galerie s'aplanit au niveau d'un élargissement et on remarque des traces d'écoulement sur quelques dizaines de mètres jusqu'à un ressaut de 5 m. En bas, un puits étroit devient impénétrable à -10… Une courte escalade permet de passer au-dessus du ressaut et on accède à la salle terminale de l'étage fossile. A une quinzaine de mètres en hauteur débouche le P42 de la salle Prébende (jonction faite à la voix). En contre bas, après un ressaut de 3 m, s'ouvre l'accès au puits de 62 m. Etroit sur les 5 premiers mètres, on note un courant d'air aspirant sensible. Il s'évase ensuite (4 m de diamètre) et une belle descente nous dépose à -312. Malheureusement, un passage très étroit laisse peu d'espoir (le courant d'air semble absent). En fait, le courant d'air est retrouvé à -10 dans une lucarne. Un méandre se jette dans un puits de 10 m aussitôt obstrué. Le courant d'air parait remonter dans une haute diaclase. Celle-ci a été escaladée sur 15 m (rocher pourri) sans arriver au sommet. L'escalade sera poursuivie en 2005…

Revenons au petit col. En contrebas, plusieurs possibilités entre les blocs permettent d'accéder au sommet du puits de 65 m. Le départ est instable et oblige à la prudence… A – 20, il s'évase jusqu'à atteindre 4 m de diamètre… A sa base (-303), il recoupe un petit actif qui se poursuit en aval par un haut méandre parcouru par un courant d'air aspirant. Après plusieurs passages étroits le méandre marque un cran en profondeur et s'élargit nettement (2 m). Il se resserre ensuite et devient horizontal jusqu'au terminus actuel (-322) situé à 120 m de la base du P65. Là, le courant d'air aspirant est toujours présent…

 

SPELEOMETRIE

 

Les explorations 2004 ont rajouté 426 m de galeries nouvelles.

756,47 m de galeries ont été topographiées. Le développement exploré et non topographié est estimé à 40 m.

Le développement total du système AN8-AN9 s'établit à 8376 m.

 

Observations sur les courants d'air

 

Comme remarqué depuis les toutes premières explorations, la branche fossile menant à la fameuse trémie du Phou Dingue canalise le courant d'air aspirant issu de la zone d'entrée de l'AN8-AN9 et de la trémie des Pulgarcitos (seule une faible partie descend vers la rivière vasco-Occitane). La circulation d'air est très forte dans les parties resserrées. Le dernier point remarquable est la rampe ébouleuse (section 1 X 2 ) au-dessus de la salle à manger (la mesure du débit reste à faire...). De suite après, le courant d'air se divise : une partie s'enfile dans la trémie située au bout de la salle de –240 tandis que l'autre remonte vers la salle Prébende via le puits du PDM. Curieusement, il n'y a pas ou peu de circulation au seuil des 2 puits de la salle ( P29 et P12 )…

Le courant d'air est en fait retrouvé dans l'étage fossile du nouveau réseau. Il est cependant difficile d'apprécier dans quelle proportion mais le débit parait inférieur… Plus précisément, la première partie du réseau est parcourue par un net courant d'air aspirant. Les choses se compliquent après le petit col car il est ensuite difficilement perceptible. En allant vers le fond de l'étage fossile on retrouve une circulation d'air mais inversée. C'est probablement le courant d'air provenant du P43 (nettement aspirant à l'étroiture terminale). Rappelons qu'une faible part de ce courant d'air descend aussi dans le P62…

Les circulations d'air semblent donc converger vers la zone du P65 mais, là encore, ne se retrouvent pas totalement au bas du puits. Il se peut donc qu'un passage, ait échappé à nos recherches (cette partie de l'étage fossile est complexe et la chasse au courant d'air est difficile)…

En résumé, il n'est pas exclu qu'au niveau de la salle Prébende, le courant d'air se divise en 2 parties : une partie pourrait remonter à la surface (60 m au-dessus) à la faveur de la grande faille sur laquelle s'est formée la salle, tandis que l'autre poursuivrait son chemin vers le collecteur via le P65, la lucarne du P62, et d'autres passages que nous n'avons pas trouvés...

 

CONCLUSION

 

Le scénario que nous avions espéré ne s'est pas déroulé ou du moins nous en sommes restés au tout début… !

En effet, d'une part les obstacles se sont multipliés et le niveau de base n'a pu être atteint. D'autre part, le violent courant d'air aspirant qui traverse la trémie du Phou Dingue n'est jamais retrouvé avec la même intensité… Aussi de nombreuses questions restent en suspens, la principale étant de savoir si nous sommes sur la bonne voie ?!...

Bref il faut peut-être imaginer un nouveau scénario du genre de celui que nous avons connu en 1992 : le collecteur a été atteint, mais par un cheminement complexe…

Mais objectivement, le conduit situé avant le puits Cri-cri était bien plus étroit que le méandre qui marque le terminus actuel… De plus, la situation de ce petit actif est beaucoup plus proche du collecteur que ne l'est la rivière Vasco-occitane au niveau du puits Cri-cri. Alors restons optimiste ! une voie existe, c'est le principal !… Une chose est certaine, les enjeux des prochaines explorations restent les mêmes et nous pouvons continuer à rêver !...

Le niveau de base devrait donc se situer vers la côte -380 soit à peine 60 m en dessous le terminus atteint. Le gros collecteur est logiquement calé un peu plus au sud (environ 300 m) vers la côte – 450 (altitude 1360 m)… L'accès à cette rivière donnerait des perspectives de découvertes très importantes :

On peut évidemment espérer remonter le collecteur principal jusqu'au système d'Anialarra (env 1 km à vol d'oiseau), mais aussi ses probables affluents. Un de ces affluents pourrait provenir d'une diffluence du M413 et un autre du Tobozzo.

En aval, l'exploration peut se poursuivre jusqu'à la trémie amont du collecteur de l'AN8 (-570) située, elle aussi, à une distance d'1 km en ligne droite… Cette exploration pourrait même se prolonger au-delà si on imagine un fossile shuntant le collecteur connu de l'AN8 et se dirigeant vers Arresteliako Ziloa…!

Alors, il n'y a plus qu'à espérer que les obstacles soient le plus court possible et rendez-vous en été 2005… !

 

TOPOGRAPHIES

 

AN8 2004 : format PDF*, taille 727 Ko

Secteur salle Prébende en coupe : format PDF*, taille 732 Ko

Secteur salle Prébende plan : format PDF*, taille 539 Ko

*Nécessite Acrobat Reader